
« La peinture, c’est une alchimie »

Avec Michèle, les  matériaux à peindre, les outils, les supports  s’inventent une curieuse  reconversion : le papier se rouille sur de la ferraille vinaigrée ;  l’encre s’étale au bâton ébarbé ; la cire liquide sert de patine ; le  calque brûlé cloque pour imiter les strates géologiques ; le brou de  noix bouilli sert de pâte d’encrage…Bref, pour l’artiste, l’outil, le  matériau, le support se mettent au service de l’expression quitte à se  détourner de leur fonction première, quitte à chahuter la logique,  quitte à provoquer l'« heureux l'accident » !
L’initiation à la calligraphie chinoise et latine, en 2004 / 2006,  est un tournant.
Michèle avait déjà le goût  pour l’écriture. Une écriture imaginaire qu’elle réalise simultanément avec les  deux mains sur la soie puis sur le papier. Mais l’initiation à l’écriture traditionnelle chinoise lui donne l’opportunité de travailler avec des outils particuliers qui permettent d’installer sur le papier une chorégraphie de signes et de mots empruntés à la poésie ou à la sagesse orientale.

Une ambiance d’ « ailleurs » dans le temps et dans l’espace où le corps voyage dans le tracé, la matière et la texture des mots.
Les pleins et les déliés dansent sur le papier. Les mots ont de l’énergie, du corps, une histoire.
Les supports s’accordent à l’ambiance des écrits : du papier de soie pour chuchoter aux anges, des sables ocreux  pour décliner la terre, des étuis érodés pour parler du temps...
JR